En réponse aux difficultés que connaissent les agriculteurs, l’agritourisme propose de découvrir le monde rural en maintenant un mode de vie traditionnel.
Le monde rural connaît de profondes mutations et se pose la question de la préservation de ce mode de vie. Le déclin démographique et la déprise agricole des zones rurales posent de véritables problèmes. Ces phénomènes s’expliquent notamment par la difficulté à transmettre les exploitations. En effet, le rythme de vie impose de nombreuses contraintes et n’attire plus les jeunes générations. L’isolement géographique de ces régions est également un frein à l’implantation de nouvelles activités. L’agriculture intensive propulsée après la seconde guerre mondiale a entièrement modifié le monde rural et le système de subventions est d’ores et déjà obsolète. L’avenir du monde agricole est donc à construire, en tenant compte des préoccupations sociales et environnementales.
Pour autant, les agriculteurs œuvrent à la richesse culturelle d’un pays en maintenant des modes de productions ancestraux, des savoir-faire en adéquation avec l’environnement et une diversité de paysages. La préservation de ce patrimoine représente un véritable enjeu pour une agriculture paysanne qui désire vivre en ces lieux.
L’agritourisme est un engagement de part et d’autre
Les agriculteurs ont la possibilité aujourd’hui de renforcer leurs exploitations grâce à l’agritourisme, pratique relativement récente mais qui tend à se développer davantage. Apparu au début des années 90 aux Etats-Unis, l’agritourisme est la combinaison d’une activité agricole dont le gestionnaire propose une activité touristique en lien avec son exploitation.
De ce point de vue, les campagnes attirent chaque année de plus en plus de visiteurs. Selon ATOUT France, un organisme chargé de l’observation des tendances touristiques, 36% des touristes ont profité de la campagne au printemps 2010. Le « retour aux sources » et la recherche de convivialité seraient les deux premières motivations pour passer ses vacances à la campagne. Loin de la ville et d’un rythme de vie effréné, on s’évade à la campagne pour trouver du calme, des couleurs et des odeurs nombreuses et parfois intenses.
Le contact avec la nature ne s’affranchit pas d’un certain confort. Les visiteurs disposent aujourd’hui d’une batterie d’outils techniques et technologiques pour la préparation d’un voyage, notamment la recherche de prix compétitifs, d’un confort hôtelier et d’une offre d’activités ludiques attrayantes. Les exigences en matière de sécurité, de confort, de prestations peuvent parfois être contradictoires avec un mode de vie rural. Pourtant, elles sont devenues incontournables pour une offre agritouristique. En ce sens, l’acquisition d’un label garantit un niveau d’accueil, de confort et d’authenticité.
Des réseaux qui supportent l’initiative
L’agritourisme n’est pas une activité marginale. Si de plus en plus d’exploitants se tournent vers cette alternative, plusieurs réseaux associatifs supportent les initiatives.
- Les Chambres d’Agriculture peuvent supporter des projets en accompagnant les agriculteurs pour la mise en place d’un accueil agritouristique et en proposant des formations spécifiques.
- Les labels Gîtes de France, Bienvenue à la ferme, Accueil Paysan sont des exemples particulièrement répandus en France et en Europe.
- En tant que bénévoles, les jeunes générations peuvent participer à la vie de l’exploitation grâce au réseau WWOOF (World Wide Opportunities on Organic Farm) en France et dans le monde entier. Ce réseau est spécialisé dans la production biologique.
Les activités proposées vont de l’hébergement à la randonnée équestre, des activités nautiques, la participation à l’exploitation et la vente de produits fermiers.
En quoi l’agritourisme répond au devenir des zones rurales ?
Sans être la panacée, l’agritourisme est un vecteur de développement local qui contribue à ouvrir et moderniser les campagnes. Cette pratique augmente les revenus des agriculteurs et participe à l’emploi d’une main-d’œuvre locale sous-exploitée. En un sens, il dynamise l’économie locale.
Cependant, dans certains cas, l’activité touristique a supplanté la production agricole. La question du caractère « complémentaire » de l’agritourisme est importante. En effet, l’agriculteur, en devenant un prestataire de loisirs, augmente sa professionnalisation touristique en matière d’accueil, ce qui améliore l’image du fermier.
L’organisation des exploitations vers une activité touristique constitue une solution (parmi d’autres) pour le maintien d’une agriculture traditionnelle, privilégiant la qualité de la production à l’intensification. En communiquant sur ce mode de vie, les exploitants racontent l’histoire du lieu, maintiennent un patrimoine historique et culturel en vie, tout en le modernisant.